Au seuil du silence – Jiddu Krishnamurti,

Pourquoi rêvons-nous ?

En ce qui concerne les rêves, on a toujours admis qu’il faut en avoir, c’est une habitude de penser qu’il faut rêver, que c’est inévitable ; certains psychologues ont  été jusqu’à dire que si l’on ne rêve pas on tombe dans la folie, autrement dit ils prétendent qu’il est impossible de ne pas rêver du tout.

Et personne ne demande jamais :

« Mais pourquoi rêver ? »,

« À quoi cela sert-il ? ».

Il ne s’agit pas de savoir ce que sont les rêves et comment les interpréter ; tout cela est compliqué et n’a vraiment pas beaucoup de signification.

Mais ne peut-on pas découvrir s’il est possible de ne pas rêver du tout, de sorte que quand on dort, on dort dans une plénitude totale, un repos complet permettant à l’esprit de s’éveiller le lendemain plein de fraîcheur et sans passer par toute cette lutte ?

Je dis que c’est possible.

Comme nous l’avons affirmé, nous ne découvrons ce qui est possible que quand nous allons au-delà de l’« impossible ».

Pourquoi rêvons-nous ?

Nous rêvons parce que, au courant de la journée l’esprit conscient, l’esprit superficiel est occupé

— nous ne nous servons ici d’aucun terme technique, s’il vous plaît, seulement des mots ordinaires, nous n’adoptons aucun jargon particulier —,

au courant de la journée l’esprit conscient est occupé

  • de son travail,
  • du bureau,
  • de l’usine,
  • de la cuisine,
  • de laver la vaisselle

— vous savez, il est occupé superficiellement et la conscience plus profonde, elle, veille, mais elle n’est pas capable de communiquer avec l’esprit « conscient » parce que celui-ci est superficiellement occupé.

Ceci est très simple.

Quand vous vous endormez, l’esprit superficiel est plus ou moins tranquille,

mais pas complètement,

  • il est préoccupé du bureau,
  • de ce que vous avez dit à votre femme,
  • des querelles de votre femme,
  • (etc…)

vous connaissez toutes ces craintes —

mais enfin il est assez calme.

Dans cette nappe de calme relatif l’inconscient projette, insinue ses propres exigences, ses propres aspirations, ses propres peurs que l’esprit superficiel traduit par des rêves.

Avez-vous quelque expérience en tout ceci ?

C’est assez simple. Interpréter des rêves, dire qu’ils sont inévitables, n’est pas important, mais si vous le pouvez, cherchez à découvrir s’il y a moyen de ne pas rêver du tout ;

ce n’est possible que quand vous avez conscience dans le courant de la journée

  • de chaque mouvement de la pensée,
  • de vos mobiles,
  • si vous êtes conscients de comment vous marchez,
  • comment vous parlez,
  • ce que vous dites,
  • pourquoi vous fumez,
  • ce qu’implique votre travail,
  • si vous êtes conscients de la beauté des collines, des nuages, des arbres,
  • et de la boue sur la route,
  • et de vos paroles échangées avec votre prochain.

Qu’il n’y ait aucun choix dans votre lucidité, et qu’ainsi vous soyez toujours à

observer, à observer, à observer;

prenez conscience aussi qu’en tout cela existe également l’inattention.

Si vous faites cela dans le courant de la journée votre esprit devient extraordinairement éveillé, alerte, non seulement votre esprit superficiel, mais votre conscience tout entière, tout entière, parce qu’elle ne permet à aucune pensée secrète de s’échapper, il n’y a pas un recoin qui n’est pas exposé, révélé.

Et alors quand vous vous endormez votre esprit devient extraordinairement calme, il n’y a pas de rêve, et une activité tout à fait différente se poursuit.

L’esprit qui a vécu avec la plus complète intensité au courant de la journée, prenant conscience de ses paroles et si par chance il se trompe, prend conscience de son erreur,

sans dire :

« Je ne dois pas »

ni

« Il faut que je lutte contre cela »,

l’esprit est avec toutes ces choses, les regardant, complètement lucide à l’égard des erreurs qu’il peut commettre

— il a éveillé la qualité complète de la conscience; et quand il s’endort, il a déjà rejeté toutes les vieilleries qui appartiennent au passé. —

La peur (est-ce que mes paroles vous plongent dans le sommeil ?), la peur n’est pas un problème insoluble. Quand elle est comprise, cela entraîne la solution de tous les problèmes qui sont reliés à cette peur.

Là où il n’y a pas de peur, il y a liberté.

Et quand existe cette liberté et cette non-dépendance psychologique complète, l’esprit est alors pur de toute habitude.

Voyez-vous,

l’amour n’est pas habitude,

l’amour ne peut pas être cultivé

— les habitudes, elles, peuvent être cultivées —

et pour la plupart d’entre nous l’amour est quelque chose de si lointain que nous n’en avons jamais connu la qualité, nous n’en connaissons même pas la nature.

Pour déboucher sur l’amour il faut qu’il y ait liberté;

quand l’esprit est complètement immobile, vivant dans sa propre liberté,

alors règne l’« impossible », qui est l’amour.

Extrait du septième entretien – 21 juillet 1968.

Krishnamurti, Jiddu. Au seuil du silence (French Edition) . Le Courrier du Livre. Édition du Kindle.

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